
jeudi 12 novembre 2009
Résultat du sondage et proposition

vendredi 30 octobre 2009
Le pied dans la porte ou comment optimiser les dons

Salam'Aleikum/ Bonjour,
Expérimentation: de quoi parle-t-on?
Le pied dans la porte
Présentation de l'expérimentation de Guéguen, Jacob & Legohérel (2003)
Résultats
En condition pied dans la porte:
Activation de la page de don = 12,1%
Activation du lien vers une association humanitaire pour faire un don:
- par rapport au nombre total de sujet testé = 5,2%
- par rapport aux sujets ayant activé la page de don = 44,2%
En condition contrôle:
Activation de la page de don = 3,3%
Activation du lien vers une association humanitaire pour faire un don:
- par rapport au nombre total de sujet testé = 1,3%
- par rapport aux sujets ayant activé la page de don = 40%
Conclusion
Nous pouvons observer que solliciter les individus pour signer une pétition leur permet d'accepter plus facilement de faire un don. Notons qu'aucune interaction sociale n'existe dans cette expérimentation. La nature de la relation ne semble donc pas jouer sur la technique du pied dans la porte. En revanche, la succession des sollicitations semblent favoriser les comportements de don.
Il serait surement intéressant pour les associations musulmanes d'intégrer cette technique dans leurs démarches sur Internet afin d'optimiser les dons. Nous rappelons encore une fois que cette exemple n'est pas à utiliser à des fins malhonnêtes mais bien pour des projets qui auront une portée générale pour la communauté inch'Allah.
(Pour plus de détails sur l'expérimentation, consultez l'ouvrage qui nous a servi à rédiger cet article: Méthodes d'observation et d'expérimentation, sous la direction de Philippe Robert-Demontrond. Editions: Apogée (pp. 197-215))
jeudi 1 octobre 2009
L'avenir des banques islamiques en France

Selon Alexandre de Juniac, "il y a une ou deux procédures de demande d'autorisation pour des banques islamiques en France et je suis certain que ces procédures aboutiront très bientôt".
Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, qui s'exprimait à ses côtés lors d'une conférence sur la finance islamique, à Paris, a dit n'avoir "aucun doute" sur une issue favorable, même si certains questions restent à régler.
La France souhaite accueillir plus de capitaux gérés conformément à la Charia et a commencé à modifier sa législation en ce sens. Au niveau mondial, ces capitaux sont estimés à 1.000 milliards de dollars avec des perspectives d'évolution rapide.
Christian Noyer a expliqué que le Comité des établissements de crédit et des entreprises d'investissement (CECEI) suivrait les mêmes critères pour l'homologation de ces banques que pour les établissements classiques.
"On va simplement appliquer les mêmes règles", a-t-il dit. "
Il a précisé que "certaines problématiques clefs doivent être abordées avant d'aborder la licence".
Il a ainsi cité la gouvernance des établissements avec le rôle du conseil de la Charia, la classification juridique des comptes de partage des bénéfices et la gestion des liquidités avec l'accès au financement de l'Eurosystème pour les actifs éligibles comme collatéraux.
"Toutes ces questions sont actuellement à l'étude, les discussions sont bien avancées", a déclaré Christian Noyer.
"Je n'ai aucune doute que ces discussions devraient prochainement aboutir", a-t-il ajouté.
(Jean-Baptiste Vey, édité par Yves Clarisse)
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dimanche 20 septembre 2009
Quand Carrouf et sa bande de gais lurons partent à la pêche…

Les musulmans aussi ont leur Noël (sic)… Et en plus il dure un mois !!
Je vous propose donc une réflexion en deux temps :
· Comment vous attirer sur le point de vente (hameçonnage) ?
· Comment vous faire consommer sur le point de vente (théâtralisation du point de vente)?
Ne dit-on pas qu’un homme averti en vaut deux ?
Le hameçonnage :
La première question du distributeur pourrait être : comment, en cette période (faste) de Ramadan, faire venir les consommateurs musulmans sur mon point de vente ?
En d’autres mots, comment faire accepter à ce consommateur de prendre voiture, femme et enfants, direction le « pays où la vie est moins chère » ?
Ceux qui pêchent de temps en temps comprennent surement le sens de hameçonnage. Le principe est simple : en plaçant un appât, on attire les poissons. Plus l’appât est gros...
Les distributeurs[1] l’ont compris et l’appliquent à la lettre. Comment ? Explication par l’exemple. Vous remarquerez dans les catalogues distribués généreusement dans vos boîtes aux lettres qu’à la quatrième de couverture, on place un « must have » à un prix imbattable. Le « must have » c’est l’ordinateur portable dernier cri à seulement 299 euros, l’écran plat 107cm du voisin à 399 euros. Pour le Ramadan, on bouleverse les codes et on propose… La couscoussière 14L spéciale Ramadan à seulement… 13,50 euros ! Pour accentuer l’effet de ces offres, on signifie une date butoir ou un stock limité. Au cas où vous hésiteriez encore…Reprenons notre mise en situation.
On est samedi après midi, les enfants jouent à se mettre des coups de pieds retournés sur le lit conjugal, madame lit consciencieusement les publicités gracieusement distribuées par le facteur tandis que vous hésitez entre un programme intellectuel de haut niveau sur TF1 et un fantastique reportage animalier sur la 5. Alors que votre menton s’apprête à toucher votre poitrine tellement votre choix de programme s’avère dynamique, votre femme vous crie depuis la table de la cuisine : « chéri !! Faut aller faire des courses !! ».
Qu’a-t-il bien pu se passer entre le moment où Brenda allait avouer son amour pour son neveu mais non moins amant Jason et la lubie de votre douce? Votre femme vient juste de voir l’offre en quatrième de couverture. En y réfléchissant de plus près, le Ramadan approche et les placards ne vont pas tarder à sonner creux. En un quart de seconde, la décision est prise, le ravitaillement s’impose (la réciproque est vraie, les hommes aussi peuvent se faire avoir).
Blague à part, le produit placé en fin de catalogue est un stimulus censé provoquer un désir d’achat. Le produit est généralement à forte valeur ajoutée et constitue un équipement à la mode, quasi nécessaire. Le processus cognitif - stimuli/réponse – met en regard la nécessité d’acquérir le produit pour satisfaire un besoin présent ou latent et l’effort d’information, financier, physique etc… qu’il nécessite pour l’obtenir. La variable prix est alors déterminante dans la prise de décision. La date butoir ou la limite de stock est là pour renforcer le sentiment de la « bonne affaire ».
Bien entendu, cette description est très schématique, mais n’est pas si éloignée de la réalité. Cette technique de hameçonnage est stratégique pour les distributeurs car ils savent qu’un client sur le point de vente ressort nécessairement avec quelque chose dans les mains. En effet, tout est mis en œuvre pour vous faire consommer. Comment ?
Remettons nous dans le contexte. Vous venez de passer 1 heure dans les embouteillages pour atteindre la zone commerciale. Il y a du monde et les enfants trépignent. Vous arrivez enfin dans le magasin. Lorsque vous atteignez l’eldorado - le rayon où l’offre qui paraissait si alléchante sur du papier glacé en quadrichromie s’avère beaucoup moins glamour en vraie -deux situations se présentent à vous :
· Le produit ne vous convient pas (made in China, très peu pour vous) ;
· Il vous convient mais d’autres étaient plus réactifs que vous et vous vous êtes littéralement fait souffler la bonne affaire sous le nez (quel dommage !).
En revanche, pour le distributeur le plus dur est fait. Vous êtes sur le point de vente avec votre famille, bien décidé à consommer. Justement, vous voulez commencer à préparer le Ramadan. Mais cette enseigne est chère. Vous préfèreriez aller dans votre magasin de proximité habituel, moins coûteux.
Réflexion : reprendre la voiture, braver les embouteillages le couteau entre les dents, contenir les enfants qui s’énervent, sans compter l’effort consenti jusqu’ici pour rien…
Las, vous levez la tête au ciel en soufflant tout l’air qui envahissait vos poumons. A ce moment précis, que voyez-vous ? Un magnifique stop rayon[2] intitulé « Découvrez les Saveurs de l’Orient » ! Agrémenté d’un beau tajine, d’un peu de calligraphie arabe… On ne lésine pas chez Carrouf (sic). La solution est toute trouvée…
Dans l’ombre, le distributeur se frotte les mains : la deuxième phase du plan « hameçonnage du consommateur musulman » est verrouillé.
Pas besoin de force de vente dans les rayons, c’est le packaging qui va tout faire. En marketing, on l’appelle le « vendeur silencieux » car il doit « crier en magasin et se taire au domicile».
Théâtralisation du point de vente:
Le marketing sensoriel est issu d’un nouveau paradigme marketing, les scientifiques de cette discipline étant passés précédemment par le paradigme du marketing relationnel. Les années 70 marquent un tournant dans la logique de consommation. Depuis, la variable utilitariste du produit est entendue, c’est sa capacité à générer du sens, une symbolique qui est recherché. On parle alors d’hédonisme. Le consommateur est donc perçu comme « émotionnel à la recherche d’expériences sensibles » (Maffesoli, 1990). La consommation n’est plus seulement la satisfaction d’un besoin matériel, elle permet également de provoquer des sensations et des émotions qui participent à la construction de l’individu. Triste ou pas, ce n’est plus le travail qui permet en premier lieu de se réaliser, mais la consommation. Mais ceci est un autre débat. Vos sens sont donc sollicités. Une petite odeur de safran, une lumière tamisée, la possibilité des toucher les produits, une musique orientale… Tout y est, on s’y croirait. Car l’objectif pour vous faire consommer est de vous faire vivre une réelle expérience de consommation. Sait-on jamais, peut être irez-vous voir vos voisins en leur racontant, les yeux encore pétillants, que vous vous seriez crus au bled ? Le bouche à oreille, c’est l’arme fatal (et à double tranchant) des marques…
Les produits les plus chers sont placés à portée de main (remarquez comme il faut se briser l’échine pour attraper les produits Top One ou estampillé d’un beau pouce !), les facing sont achalandés en quantité (car la quantité fait vendre) et les têtes de gondoles vous proposent des offres qui déclenchent chez vous un comportement de « réserve ». Les produits en promotion se conservent souvent longtemps après la date d’achat. Pour éliminer les éventuelles habitudes de clients fidèles qui connaissent le chemin le plus court pour atteindre leurs produits, les rayons sont modifiés. N’oublions pas les enfants, qui grâce à leur mini caddies généreusement mis à leur disposition, peuvent imiter les parents en chargeant le chariot de tout ce qui est mis spécifiquement à leur hauteur (les chayatins Haribo, La pie qui chante et autres Pez…).
Vous déambulez donc au rythme de la musique dans les rayons achalandés à votre attention. L’assortiment est bien étudié et chaque besoin trouve une réponse dans les rayons (idéalement). Rassuré, le chariot plein, vous vous dirigez servilement vers les caisses déjà bondées de monde. Je vous laisse imaginer le montant de la note… Salé ? Sucré ?
En attendant, le distributeur a réussi son coup. Vous êtes venus sur son point de vente alors que rien ne vous prédisposez à le faire. Vous étiez venus pour un but précis et finalement vous avez fait le choix de vous attarder, par curiosité (paraît-il). La curiosité s’est transformée en intérêt et l’intérêt en acte d’achat. Et le plus beau dans tout ça, c’est qu’à aucun moment vous ne vous êtes senti obligé ni agressé, les choses se sont déroulées en douceur. Comme quoi la méthode est bien huilée… A bon entendeur.
[1] On entend par distributeurs les enseignes de distributions telles Carrefour, Leclerc, Auchan etc…
[2] Stop rayon= Publicité sur le Lieu de Vente (PLV), panneau publicitaire qui indique les rayons sur le point de vente.
samedi 19 septembre 2009
Aid Mubarak!

jeudi 3 septembre 2009
Oumma.com atteint du même syndrome que l'IFOP

dimanche 23 août 2009
L'IFOP étudie de près les musulmans de France... ou presque.

vendredi 21 août 2009
Ramadan 1430 !
Je tiens inch'Allah à souhaiter un excellent mois de Ramadan à toute la Oumma. Puisse Dieu nous accorder le pardon en ce mois béni et nous apporter de Sa lumière durant cette période.
Bon courage à tous, je prie Dieu que ce çiham nous soit compter en bien inch'Allah...
Wa Salam!
jeudi 13 août 2009
Business du Ramadan: un exemple venu des E.A.U
dimanche 9 août 2009
Halal Way Of Life
Les musulmans ne doivent pas se laisser dicter les règles de comportement par le marché mais par leur croyance. Ils devraient donc conserver la main sur ce qui les concerne, le halal dans la consommation, et ne pas être les tributaires d’enseignes qui exploitent (légitimement) notre désir de consommation.
Nous sommes les responsables de la protection du halal dans la consommation, il faut donc nous organiser. Voici les prémices d’une réflexion que je pense nécessaire.
Le halal est un critère psychographique de segmentation. En le croisant avec des variables sociodémographiques, cela permet d’établir des segments de consommateurs homogènes dans leur comportement de consommation. Pour les connaisseurs, il s’agit d’une technique d’analyse statistique qu’on appelle « analyse typologique ».
Une fois cette segmentation effectuée, les marketeurs sont capables d’identifier les tendances de consommation qui animent le groupe.
Exemple : le sexe influence t il les quantités achetées ? Les produits sélectionnés ? L’âge a-t-il une influence sur la décision d’achat ? La catégorie socioprofessionnelle est elle une variable modératrice dans la consommation de produits financiers ? Etc…
Nous passons sur les détails des études qui permettent de mesurer toutes ces tendances. Cela sera l’objet d’un autre article inch’Allah.
Ainsi, les marketeurs sont capables de déterminer à la fois les segments de marché, les tendances de consommation, les variables modératrices, les freins, les motivations et les leviers d’achat. On est alors capable de proposer une offre de produits ou services qui répondent aux besoins identifiés.
Comme on peut le voir, le caractère halal ne suffit pas à vendre un produit. C’est une variable modératrice dans le choix du produit et dans la décision d’achat. Le déterminant pour le consommateur, c’est de savoir si le produit, dans l’absolue, répond au besoin. Le fait qui soit halal, en fonction du profil du consommateur et de sa relation à la pratique religieuse, déterminera l’achat ou non du produit.
Petite conclusion sur ce paragraphe non exhaustif. Avant de savoir si on peut dire que tel produit est halal, posons nous la question sur nos besoins et observons les à la lumière des sources islamiques et du comportement que celles ci nous incitent à adopter. Il ne suffira plus de voir « halal » sur l’emballage du produit, il faudra aussi que sa consommation nous incite à respecter le comportement et l’engagement que nous avons choisi et auquel on croit, l’Islam, la soumission à Dieu. Ce changement dans notre mode de consommation sera mesuré par les marketeurs qui observent les consommateurs musulmans et devront prendre en compte ces nouvelles variables. Peut être une solution vers un peu plus de respect ?
vendredi 7 août 2009
Quelle approche marketing pour la banque islamique en France?

Je conduis actuellement des travaux de recherche pour proposer certaines hypothèses. Je poste donc ce billet pour dire aux visiteurs du blog de rester attentif, je communiquerais mes résultats d'ici à quinze jours inch'Allah ;)
En attendant, je vous conseille de visiter le site d'AIDIMM pour vous informer sur la finance islamique en France.
Wa'Aleikum Salam
vendredi 31 juillet 2009
L'éthique de l'entrepreneur musulman

Je me permet de reproduire ici la charte éthique de l'entrepreneur musulman consultable à l'adresse suivante:
En espérant que chacun y trouvera un bien ...
"A mon Créateur,
J’ai créé mon entreprise non pas seulement pour m’enrichir, mais également pour gagner de l’argent de manière licite, entretenir ma famille, mes proches, les nécessiteux et dépenser dans le sentier d’Allah;
Mon entreprise me permet de montrer la réelle image de l’Islam au travers de mes gestes et de mes paroles;
Je reconnais l’obligation d’apprendre les règles de l’Islam en matière d'éthique et de pratiques commerciales;
Je gèrerai mes affaires selon Ses prescriptions en matière d’éthique et de pratiques commerciales;
Je dépenserai mes ressources avec sagesse, toujours en maintenant une réserve pour les temps difficiles;
Lorsque mon chemin croisera celui de commerçants malhonnêtes, je ne suivrai pas leurs pas, mais je resterai sur le chemin de l’honnêteté et de la moralité
A ma communauté,
J'entreprendrai les efforts nécessaires afin de supporter son développement ;
Je supporterai la cause des musulmans qui souffrent dans le monde ;
Je garderai la fierté d’en faire partie, quelles que soient les circonstances
A mes employés,
Je les traiterai avec respect et dignité ;
Je leur accorderai un environnement de travail propre et sécurisé ;
Je leur accorderai une rémunération décente en parfaite concordance avec le travail fourni ;
Je leur offrirai des possibilités de développement de leurs compétences ;
Je les paierai dans les délais impartis ;
Je resterai à l’écoute de leurs plaintes, requêtes et suggestions ;
Je leur accorderai le temps nécessaire pour pratiquer leurs obligations religieuses
A mes concurrents,
Je les traiterai avec respect et dignité ;
Je ne m’engagerai pas dans un comportement monopolistique et ne les empêcherai de me faire de la concurrence ;
Je leur ferai une concurrence saine, sans entrer dans des tactiques contraires aux pratiques commerciales acceptées par l’Islam.
A mes fournisseurs,
Je les traiterai avec respect et dignité ;
Je respecterai les délais de paiement et n’engendrerai pas de retard sans raison valable.
A mes clients,
Je les traiterai avec respect et dignité;
Je répondrai à leurs besoins dans la mesure de mes capacités ;
Je présenterai une offre transparente et réaliste et ne mentirai pas sur mes produits et /ou mes services ;
J’agirai au mieux pour fournir les produits ou services de meilleure qualité ;
Je respecterai les délais prescrits"
lundi 27 juillet 2009
Tendance : résistance des consommateurs au marketing.

Méfiance des consommateurs, critiques matérialistes de la société de consommation et course au profit des entreprises sont au cœur de la résistance au marketing. 67 % des français se déclarent méfiants à l’égard des entreprises et jamais les associations de consommateurs, les alterconsommateurs et les associations militantes anti-pubs et anti-marketing n’ont été aussi nombreux, organisés, médiatiques et puissants. Leur influence sur l’opinion publique est grandissante alors que les techniques de marketing sont de plus en plus considérées comme manipulatrices et corruptrices.
Avant de comprendre les mécanismes de résistance et de revendication existant aujourd’hui face au marketing il est nécessaire de définir ce qu’est la résistance des consommateurs face au marketing. Selon Hirshman (1970), la résistance se distingue par la protestation (voice), opposée à la confrontation (loyalty) et à la défection. Cette résistance consiste donc à être présente et visible afin de ramener au centre du débat des questions mises en suspend ou oubliées lors de périodes de consommation plus hédoniques. L’idée ici, est d’initier un changement collectif en faisant apparaître des enjeux susceptibles de satisfaire autre chose que des intérêts individuels.
Ces prises de position peuvent être la résultante de plusieurs désirs des consommateurs : lutter contre la mauvaise qualité, mieux acheter et mieux consommer à titre individuel, éliminer le superflu, les emballages, les déchets (tendance écologique), lutter contre le pouvoir des grandes entreprises, peser sur le rôle de l’État et favoriser une réglementation, éduquer les autres consommateurs, leur donner la parole, encourager le commerce équitable, dénoncer les abus publicitaires…
Cette « prise de conscience » de certains consommateurs est la résultante de changements structurels de notre société et ne trouve pas son origine uniquement dans la crise financière internationale ou l’émergence de la tendance écologique et du développement durable mais surtout dans le fait que les consommateurs ne font plus confiance aux marques et aux entreprises et qu’ils ne veulent plus considérer le marketing comme unique courant d’information ([1]). Ils considèrent que la société de consommation par l’intermédiaire du marketing, réduit l’humain à n’être qu’un agent économique producteur-consommateur ([2]).
Si les marques tentent de pallier à ce problème par plus de transparence, un engagement écologique ou parfois une communication directe à ses consommateurs, celles-ci sont pour la plupart « taxées » de vouloir faire de la récupération marketing et de faire de la résistance aux activités marketing, un marketing des activités de résistance (voir greenwashing). Les consommateurs sont en effet méfiants et ont appris à décoder les mécanismes utilisés par les marketeurs et se les approprient pour rallier d’autres consommateurs.
Action des consommateurs
La résistance au marketing ou à la publicité peut prendre différentes formes. Loin de l’idée reçue que le consommateur rejette en bloc toute forme de promotion, nous allons nous attacher dans cette partie à décrypter les différentes formes de résistance du consommateur face aux sollicitations dont il est la cible. Nous verrons que cette résistance n’en est pas moins une organisation de sa vie de consommateur plutôt qu’une défiance globale. L’intégration chez le consommateur de son environnement mercantile est entière et l’abandon de toute forme de consommation n’est pas à l’ordre du jour. Bien entendu, il existe certains consommateurs qui font le choix de rejeter toute forme de marketing et plus généralement de consommation. Mais ils sont encore peu nombreux. Inversement, une majorité de consommateurs a compris que sans lui, l’entreprise n’avait pas de raison d’être et n’hésite plus par des canaux différents, à exiger des comptes, qu’ils soient moraux ou purement intéressés.
Car en effet, la base de la contestation et de la résistance au marketing est le boycott, incité initialement par la recherche d’une satisfaction personnelle (exemple, baisse des prix d’un service). Mais cette forme de protestation s’est aussi étendue à ce qu’on appelle le boycott expressif et qui renvoi à l’entreprise un message de colère face à des pratiques jugées répréhensibles. De cette forme de contestation est nait une résistance plus organisée est moins engageante au quotidien qu’un boycott pur est simple d’un produit ou d’une marque. C’est la recherche d’un idéal et de valeur morale dans une société jugée trop libérale qui incite les consommateurs à revoir le mode de consommation. Désormais, l’achat est plus raisonné et donc plus exigeant. Pas seulement en terme de prix, mais aussi vis-à-vis de l’entreprise, qui est jugée responsable de l’état du monde dans lequel on vit. L’accès à l’information, via les médias de masse et Internet permet au consommateur lambda de se faire sa propre opinion sur les marques qu’il consomme et ainsi de pondérer ses choix sur le lieu de vente. Cette recherche d’idéal, autrefois radicale puisque révolutionnaire, est devenue plus raisonnée et ne cherche plus à vivre une transformation complète. La recherche de l’idéal s’inscrit dans nos mœurs, y compris nos habitudes de consommation et s’est transformée peu à peu en conscience écologique. Plus généralement, nous parlerons de développement durable.
Cette notion universelle, est la plus simple expression du rejet de la surconsommation et de la consommation aveugle. Cette ligne de conduite, plus facile à assumer au quotidien qu’un boycott total ou qu’une révolution du système, permet à chaque consommateur d’œuvrer pour la société, pour la planète, dans chacun de ses actes de consommation sans pour autant se sentir engagé sur le long terme. Ces trois formes évolutives de rejet de la consommation de masse et du marketing qui l’accompagne vont constituer la base de notre énoncé des actions des consommateurs.
Comme cité en introduction, le boycott constitue la forme primaire de rejet du marketing et plus globalement le rejet d’une marque ou d’un produit. Voici une définition théorique du boycott, définie dans le temps et au fil des recherches qui ont été mené sur le sujet ([3]).
Le boycott :
· Est une action collective simple, ou un effort collectif mené par des groupes occasionnels ou par des groupes formels tels que des associations consuméristes;
· Est assorti d’une notion d’organisation, de concertation et d’association de plusieurs individus;
· Est dirigé soit directement vers la marque productrice (cible principale), soit indirectement via une cible intermédiaire.
Il est important de noter que le boycott collectif est souvent accompagné voir directement insufflé par des groupes politisés, capable de présenter un danger réel pour la marque ou l’entreprise visée. D’une manière générale, le boycott peut prendre différentes formes notamment dans l’action au quotidien, dans les actes d’achats. Il existe un arbitrage entre l’engagement pris de manifester son mécontentement et celui de consommer des produits habituels, voir des produits de base indispensables. Il faut donc distinguer deux types de boycott ([4]) :
· le boycott instrumental → a pour objectif de contraindre une cible à changer une pratique ou une politique spécifique et ses buts sont précis et mesurables. Les boycotts instrumentaux sont aujourd’hui ceux qui recherchent une réduction de prix sur des produits jugés trop chers.
· le boycott expressif→ consiste davantage pour l’organisation à exprimer son mécontentement et sa colère face à un comportement d’entreprise qu’elle juge inacceptable. Il s’agit d’une forme de plus généralisée et plus vague de protestation des consommateurs envers les actions des entreprises. Entrent dans cette catégorie les boycotts qui visent à protéger les consommateurs face aux risques potentiels pesant sur leur santé ou leur sécurité, à défendre les animaux, à préserver la nature, à contrer les licenciements, à lutter contre la pauvreté ou à défendre les droits des minorités et les droits civils des citoyens.
Globalement, la participation au boycott est ainsi un acte personnel de résistance envers l’entreprise et répond souvent au désir du consommateur d’avoir une consommation socialement responsable. L’accès aux sources d’information permet au consommateur de juger les actes et les décisions des entreprises dont il consomme les marques et de se positionner par rapport à ce qu’il pourrait considérer comme inadmissible. La manière de juger l’acte commis par l’entreprise va déterminer en grande partie la participation au boycott ou non. Le boycott n’est pas simple à mettre en place est répond à des réalités plus sociétales. La décision du consommateur ne se réduit donc pas à une confrontation entre les coûts et les bénéfices potentiels issus de sa participation personnelle au boycott.
Ainsi, il existe un arbitrage entre la satisfaction des objectifs personnels et des objectifs collectifs. Le consommateur va intégrer plusieurs variables avant de s’engager dans un boycott. En effet, lorsque le motif est social, la tentation est plus grande pour les consommateurs de reprendre leur liberté et de ne pas coopérer avec les autres boycotteurs. En revanche, lorsque le boycott vise à baisser des prix ou à restaurer la sécurité pour les consommateurs, l’abstention de consommation des produits de la marque n’est pas nécessairement vue comme un sacrifice à consentir. Les consommateurs engagés ont donc tendances à moins croire l’UFC Que Choisir lorsqu’elle indique que les produits sont fabriqués par des enfants du tiers monde. D’après l’étude de Karine Cissé-Depardon et de Gilles N’Goala, « plus les consommateurs sont satisfait, plus ils se fondent directement sur la probabilité de succès du boycott, l’attente de participation des autres n’ayant alors qu’un rôle indirect. A l’inverse, moins les consommateurs sont satisfaits, plus ils relient directement leur propre participation au boycott à celle des autres. Pour les consommateurs insatisfaits en particulier, l’attente de participation des autres a un effet direct sur l’intention de boycott alors que la probabilité n’a pas d’impact significatif. Ces consommateurs déçus par la marque sont davantage influençables, sensibles à la pression sociale et attentifs au nombre de participants potentiels au boycott. Ils hésitent moins à suivre les autres consommateurs car l’intérêt collectif surpasse alors nettement leur propre intérêt personnel ».
D’autres variables sont à prendre en compte. L’individu consentira à faire des sacrifices, c'est-à-dire à s’abstenir de consommer son produit habituel, s’il juge que le boycott a de grandes chances de succès et qu’un grand nombre de consommateurs vont coopérer et se joindre à ce mouvement collectif. Le regard se pose aussi sur le voisin, pour jauger le degré d’engagement et s’engager soi même conformément au mouvement général. Une protestation légitime mais peu suivie n’incitera pas le consommateur moyen à se joindre au mouvement.
Le boycott répond aussi à un besoin de communiquer et de se faire entendre. La participation au boycott a une valeur intrinsèque : elle peut être un moyen pour l’individu d’exprimer ses valeurs, ses frustrations et sa colère (motivation expressive). L’engagement pour une société meilleure passe donc aussi par le refus de consommer certains types de produits afin de faire remonter un mécontentement fort à l’entreprise.
Mais ce refus n’est pas toujours évident. L’attachement à une marque ou à produit, qu’on a l’habitude de consommer ajoute une difficulté pour le consommateur. Il va alors se mettre en place un filtre d’analyse de l’information qui tendra à rétablir une certaine image de l’entreprise incriminée pour réduire le sentiment de mal être du consommateur face à un choix qu’il jugera trop délicat. La littérature en marketing relationnel suggère que la satisfaction cumulée, la confiance et l’engagement conduisent les consommateurs à mettre en œuvre un processus d’assimilation des informations dissonantes par rapport à leurs croyances initiales. La communication de crise des entreprises est là pour envoyer un message à ce type de consommateurs en tentant de rétablir un équilibre moral et un jugement plus profitable du consommateur à l’égard de sa marque.
Pour conclure, l’appel au boycott semble mettre l’invidu face à ses responsabilités en tant que consommateur. Il peut difficilement s’estimer satisfait des produits qu’il consomme s’il apprend qu’ils sont fabriqués par des enfants et s’il a l’impression d’avoir cautionné contre son gré de telles pratiques. Les marques que l’individu consomme sont parfois susceptibles de constituer des extensions de soi et contribuent à définir son identité par rapport aux autres et à la société. L’appel au boycott doit lui faire prendre conscience de son rôle en tant que citoyen et qu’il ne doit pas cautionner par ses achats des pratiques d’entreprises qu’il juge moralement ou socialement répréhensibles.
Pour réussir, les objectifs du boycott doivent être clairs, précis, concrets, factuels et mesurables par les consommateurs
Pendant longtemps, le consommateur estimait que la société lui montrait la voie à suivre et que les marques étaient capables d’imaginer le monde futur (47% des français en 1994 contre 32% aujourd’hui). Or, aujourd’hui cette notion a disparu laissant place à une quête personnelle d’idéal. Certains sociologues, à l’instar de Jean Viard, estiment que nous sommes confrontés à une crise importante des valeurs, quarante ans après mai 68. Aujourd’hui les consommateurs ne font plus confiance aux entreprises car ils font de plus en plus le lien entre le produit, la marque et l’entreprise et intègrent la dimension éthique à leurs achats. En France, 84% des sondés (Baromètre Confiance Edelman) estiment que l’Etat doit imposer un meilleur contrôle et une régulation plus stricte sur l’ensemble des acteurs économiques. D’après un sondage de TNSWorldpanel, 86% des français estiment que l’on consomme trop de choses inutiles. Le constat est là, les consommateurs cherchent désormais à se responsabiliser à travers leur consommation. Les français achètent davantage de petits conditionnements.
Le conscientious living est la manifestation de cette recherche d’idéal à travers l’acte d’achat. La préoccupation des consommateurs n’est pas de remettre en question la consommation en tant que tel mais plutôt de rendre cette consommation plus honorable, plus responsable. L’intégration des valeurs humaines et écologiques en sont la démonstration la plus parlante. Donner un sens à leur vie au-delà du seul pouvoir d’achat, c’est aussi ça, résister au marketing. Désormais, la quête de sens est au centre de l’existence des consommateurs et l’acte de consommation permet aussi de traduire cette quête. Consommer moins et mieux, en accord avec des principes moraux que chacun établit en fonction de ses croyances personnelles, est devenue presque banal. Les consommateurs s’organisent et se regroupent pour peser dans le débat citoyen et refuser d’être infantilisés par la publicité et le marketing des entreprises. Dans une société taxée d’individualisme, les mouvements activistes n’ont jamais été aussi dynamiques, l’adhésion à des associations aussi forte. Cette forme de résistance qui s’organise en groupe n’est pas la simple expression d’un rejet de la consommation mais aussi la recherche d’un lien social, contributif de l’épanouissement personnel. Ne plus être les objets de sa consommation mais les acteurs responsables et citoyens d’une société de consommation représente cette quête de sens.
Le consumérisme ostentatoire pourrait donc bien devenir dans peu de temps l’expression d’une minorité de consommateur, remplacé par le conscientious living, un style de vie mesuré entre la consommation et la quête de sens et le discernement. L’idée de la résistance culturelle (culture jamming) qui rejetterait l’acceptation passive du marketing comme courant d’information à sens unique n’est donc pas aussi évidente. Les consommateurs ont toujours conscience que leurs choix de consommation peuvent aussi déterminer leur environnement social et écologique.
Le conscientious living est l’expression brute d’une nouvelle logique de consommation, poussée aussi par un pouvoir d’achat en berne et la sur-médiatisation des problèmes d’environnement. Face à l’adversité, le consommateur cherche à dépenser mieux et moins. On peut alors découper ces consommateurs en quatre catégories :
· Les « augmentophobes »
· Les comparateurs de prix compulsifs
· Les accros aux services sur mesure
· Les adeptes de la simplification.
Si la quête de sens est personnelle et qu’elle s’adapte en fonction des croyances de chacun, l’engagement dans le développement durable constitue sa forme universelle. C’est ce qui nous amène à définir la troisième forme de contestation et de résistance consumériste.
Comme nous venons de le définir précédemment, le consommateur est dans une recherche d’idéal qui le pousse à remettre en question sa consommation et à chercher des alternatives qui lui permettront de trouver l’équilibre entre consommation et comportement socialement responsable. En ce sens, l’idéal fédérateur est bien l’écologie, voir plus globalement le développement durable. D’autant que cette valeur est universelle, même dans les pays pollueurs. Loin de vouloir à l’image des révolutionnaires transformer de façon radicale la société, le développement durable permet de progresser dans le bon sens en intégrant l’existant.
Ce « green living » va donc se traduire par des actes d’économies au quotidien et notamment des actes de consommation plus réfléchis, en établissant une éthique qui se vit au quotidien. Entre les déconsommateurs qui adhérent à une simplicité volontaire, les consommateurs responsables qui pensent croissance durable, les acheteurs éthiques qui agissent pour un meilleur partage avec les populations du Sud, il n’y a que l’embarras du choix. Le poids des ONG est aussi déterminant dans cette prise de conscience. Elles détrônent les entreprises dans la confiance accordée : les leaders d’opinion font très peu confiance aux entreprises (30%) tandis que les ONG remportent 57% des suffrages et même 80% s’agissant des jeunes de 25/34 ans (baromètre Confiance d’Edelman). Ainsi, en 2006, 70% des français se disaient d’accord avec les campagnes mondiales d’ONG dirigées contre les entreprises (étude de TMO pour First 41). Les marques sont désormais tenues pour responsables du monde tel qu’il va. Elles n’ont plus le choix que de prendre position.
Les consommateurs organisent leur consommation et établissent désormais des arbitrages entre confort de consommation, réalité économique et recherche de l’engagement dans une cause juste. Pour la première fois depuis des années, les consommateurs français ont réduit leurs achats de produits de grande consommation. Ils déstockent, vident leurs réserves ou font la chasse aux gaspillages. Il y a plus de réflexion, plus de rationalisation à l’achat.
[2] Les Echos n° 19803 du 28 Novembre 2006
[3] Olson, 1965 ; Kozinets & Handelman, 1998 ; Wolman, 1914 ; Laidler, 1968 ; Garret, 1986 ; Hermann, 1993 ; Amirault-Thébault, 1999 ; Putman & Muck, 1991
[4] Source : article de Karine Cissé-Depardon & Gilles N’Goala, Recherche et Applications en Marketing, vol. 24 n° 1/2009.